En route pour la Haye
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Préambule
L'achèvement de ce billet se fait à l'aube de notre 10ème année de vie commune avec Alexia, d'où cette petite parenthèse introductive dédiée à ma chérie. Alexia, je te remercie d'avoir réalisé ce périple en ma compagnie. Les premiers jours ont été difficiles mais c'est ce qui rend les suivants encore plus délicieux. J'espère que ce récit te plaira, j'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à l'écrire, à me remémorer chaque instant et péripétie de ce voyage. J'espère qu'il te fera rire et sourire, et surtout que nous vivrons ensemble encore un millier d'autres petites aventures amoureuses.
Jour 1 (11 Juin 2023)
Nous sommes partis dimanche matin, de bonne heure alors que la fraîcheur matinale tarde et couvre la fourmillante vie parisienne. Nous rejoignons la gare du Nord en traversant Paris: Boulevard Vaugirard, île de la cité puis boulevard Sébastopol, dont le croisement, en descendant du pont au Change, reste à être perfectionné. Nous ne sommes pas les seuls aventuriers à nous diriger vers Dunkerque pour rejoindre le départ de l'Eurovélo 12. Nous prenons place, entassant nos vélos dans l'espace dédié. Le dernier empilé, ayant été négligé par son propriétaire et n'étant pas stable, embrasse brusquement la porte des toilettes à la première secousse. Son détenteur accourt sauver sa monture, Alexia déclare: "Hummm c'est du carbone ça, dommage ...". Nous changeons de train à Lille où des jeunes, portant le signe de reconnaissance estival dénommé "claquettes chaussettes", sont occupés à esquiver les contrôleurs afin de rejoindre le plus promptement possible le sable fin. Il est midi et la pause s'impose ! Notre déjeuner est constitué d'une terrine de hareng et d'un peu de taboulé. Le voyage se poursuit avec une trouvaille de notre chef de bord: un bagage abandonné. A qui est-il ? D'où vient il ? Cette nouvelle génère discussions, excitations et idées folles: est-il avisé de se faire passer comme propriétaire du dit sac pour reprendre rapidement la route ? La question est posée, reste à la réaliser. Trente minutes plus tard, tout rentre dans l'ordre; le bagage a retrouvé son voyageur; difficile de comprendre les annonces au micro lorsque l'on est anglais. L'arrivée à Dunkerque s'accomplit sans autres tracas, nous enfourchons nos deux roues et nous mettons à pédaler sous un soleil de plomb. Le début du périple se fait à l'intérieur des terres, puis nous rejoignons le littoral en longeant Plopsaland, première curiosité Belge se trouvant sur notre itinéraire. Ce parc d'attraction, glauque et terrifiant semble tomber tout droit de l'imagination de conteurs ayant raté leur vocation (si vous en doutez, allez voir les photos sur internet). Le front de mer est encore bien occupé par les locaux venus faire bronzette à la plage. Nous passons par Nieuport, ancien fief de Philippe le Hardi, qualité nécessaire pour ne pas souffrir du kilomètre de piste pavée qui nous attend en quittant le bord de mer. Le temps se couvre, nous sommes las et engourdis de cette longue journée. Nous trouvons un camping dont nous tairons le nom (souhait effréné de ma dulcinée) et nous dirigeons vers la maison du cochon, relais apprécié des riverains. L'orage éclate lorsque la pitance arrive, nous prions pour que la tente résiste, elle qui a déjà montré quelques symptômes poreux dans le Vercors. Nous quittons le restaurant sous la pluie et nous endormons au rythme des gouttes, raisonnant sur la toile de notre tipi.
Jour 2 (12 Juin 2023)
Le réveil ne se fait pas sans anicroches, en effet, nos arceaux ont cédés au petit matin, mettant à mal notre grâce matinée tant méritée. Bonheur ou malheur ? Notre tente, dans son dernier soupir s'est efforcée de nous protéger de la bruine jusqu'au petit matin, tirant sa révérence sous un dernier cri *Clac Clac*. Bien décidés à la ressusciter, nous ajoutons à l'étape du jour la visite d'une zone industrielle belge afin de réparer les arceaux fendus. On profite du bord de mer désert, réel contraste de la journée précédente, et dégustons notre petit déjeuner, composé de fruits et de gaufres liégeoises. Les balayeuses s'affairent à nettoyer le front de plage, ces dameuses de l'été préparent les pistes pour les prochains plagistes prêts à chausser leurs parasols. Nous écoutons la mer, à travers l'oeuvre d'Ivars Drulle: sortes d'énormes pavillons dirigés vers les flots. Une bonne étoile veille sur nous, le décathlon d'Ostende possède un dernier ensemble d'arceaux qui suffiront à remplacer ceux qui sont endommagés. En revenant vers la mer, nous passons devant le casino de Middelkerke en cours de construction; les défilés de tractopelles nous font fuir à bride abattue et nous passons Le Coq et Blankerberge avant de nous arrêter déjeuner dans le parc de Zeebos. Coin ombragé et douillet, nous ne pouvions rêver mieux pour faire notre petite pause et réparer notre tipi. Alexia se fait rappeler par Morphée, allongée dans l'herbe grasse. La journée se trouvant déjà dans une heure avancée, nous reprenons la route pour traverser Knocke-Heist et découvrons nos premiers jolis et mignons pavillons de la côte flamande. Notre camping d'escale se trouve de l'autre côté du parc naturel de Zwin où de ravissants moutons ont étendu leurs nappes de pic-nique et paissent en admirant le coucher de soleil. Le camping est fabuleux, flambant neuf. La tenancière, très accueillante, réussit à nous dégoter un dernier emplacement libre au calme et surélevé, loin de l'attroupement des camping cars et caravanes. Après avoir placé notre tente, nous nous dirigeons vers le bord de mer où nous trouvons un restaurant Italien, visiblement plus réputé pour ses glaces que ses plats. La soirée se finit en bord de mer avec de petites glaces. Le retour est bref, nous sommes pris dans un désir de faire la course sur le dernier kilomètre restant: plus vite arrivés, plus vite couchés.
Jour 3 (13 Juin 2023)
Cette troisième matinée se fait en douceur: roulés à la cannelle, chaussons aux pommes et pains au chocolat accompagnent notre petit déjeuner sur la charmante terrasse en pierre du camping. Le soleil est déjà chaud; nous nous dirigeons vers Breskens, où nous prenons le bateau pour rejoindre Flessingue. Chouet coup de pouce du destin: Nous arrivons pile au même moment que notre embarcation. La traversée se fait en moins d'une heure et nous croisons, à la sortie du port de Flessingue, un groupe de cyclistes de Boulogne-Billancourt, venus faire une escapade aux Pays-Bas. Après un échange courtois de photos de groupes, nous réalisons un petit détour par la zone industrielle de Flessingue pour compléter nos victuailles. Nous nous arrêtons pour la pause déjeuner à Dombourg, où nous trouvons un carré de pelouse ombragé qui s'avère être adapté à nos petits fessiers endoloris. La sieste obligatoire se termine par un sursaut d'Alexia, réveillée par l'embrassade, non pas d'un beau prince mais d'un petit caniche. La discussion avec sa propriétaire se trouve être un échec: nous a-t-elle mentionné le prénom ou l'âge de son familier ? Notre compréhension anglaise est à parfaire. La second partie de la journée est harassante, nous longeons la nationale pour traverser le barrage de l'Escaut oriental, tendre traduction de: Oosterscheldekering. Le vent se lève, les éoliennes s'activent et nous luttons abrutis par les courants d'air jusqu'à Burgh où le campement s'établit près d'un poulailler. Nous rencontrons de charmants Allemands qui, nous ayant pris en pitié lorsque nous nous installions en plein soleil, nous offre des rafraîchissements et nous content leurs périples à travers l'Europe. Nous dînons en terrasse dans un restaurant Grec, l'Asmara et finissons par une petite promenade dans le bourg de Burgh, à la recherche de desserts (Vivons-nous pour manger des desserts ? Une question qui parait vaste et qui est pourtant faussement rhétorique selon Alexia...). Notre déambulation nous permet d'identifier la boulangerie dans laquelle nous prendrons notre petit déjeuner du lendemain matin. La fin de soirée se passe tranquillement avec une tisane des marmottes, réchauffée à l'aide du fameux MSR Pocket Rocket 2 (recommandation de M. Matos). Nous savourons également notre cueillette de la soirée: un muffin au chocolat.
Jour 4 (14 Juin 2023)
Nous nous réveillons avec la ponte des oeufs de nos voisines les poules. Nous plions rapidement notre campement, et, alléchés par notre découverte de la veille, nous pressons à la boulangerie Sonnemans. C'est un délice, pâtisseries à la cannelle et aux noix, thé et café. Nous dégustons cet ensemble sous les yeux attentifs des corneilles qui se chargent de finir les éventuels surplus. Le programme de la journée est chargé avec la traversé de l'immense barrage de Brouwersdam en allant jusqu'à Oosvoorne. Le festival Concert at SEA est en cours d'installations sur le barrage, avec un défilé de personnalités néerlandaises en Line Up. Fait intéressant, les Food Trucks sont déjà sur place, mais malheureusement fermés. Notre pause se fait à l'heure chaude dans une poissonnerie où nous gouttons à une spécialité de la région, des beignets de cabillaud frits. La fin de journée se fait sous la chaleur avec la traversée du barrage d'Haringvlietdam. Pour marquer notre dernière soirée de périple, nous allons trinquer dans un bar d'Oostvoorne puis mangeons un bon repas dans le restaurant la Cuisine d'amis où la terrasse se trouve être très confortable avec vue sur des voisins qui font tout pour nous divertir. Nous retournons le soir au camping, où l'on trouve des cyclotouristes installés à proximité de notre emplacement. Nous nous endormons rapidement, prêts à affronter notre dernière étape pour atteindre Den Haag.
Jour 5 (15 Juin 2023)
Jour 5: Le départ de notre dernière journée est chronométré, nous devons prendre un ferry pour traverser la zone portuaire d'Europoort, extension du port de Rotterdam. Nous traversons la gigantesque zone de fret jusqu'à Maasvlatke où nous prenons le dernier ferry du périple. Arrivés sur les lieux de l'embarquement, nous rencontrons nos voisines cyclotouristes de la veille qui continuent leur aventure jusqu'à Amsterdam. Nous profitons de l'attente du bateau pour visiter l'espace documentant la création d'Europoort. Nous prenons ensuite notre petit déjeuner avec vue sur les grues permettant de décharger les portes conteneurs. La traversée est ludique, nous appercevons les immenses cargos venus déverser leurs milliers de conteneurs, prêts à innonder l'Europe. Les infrastructures sont impressionnantes, et dire que toutes ses constructions sont sorties de mer en moins d'une vingtaine d'années après l'aménagement du gigantesque banc de sable Hoek van Holland. Arrivés de l'autre côté de la rive, on se dépêche de longer les plages pour rejoindre Aymeric. On s'arrête faire quelques courses à Kijkduin pour gignotter en bord de mer. Nous poursuivons ensuite notre route jusqu'à Den Haag où Aymeric nous attend dans petit bar en bord de canal (enfin des bières qualitatives !!!). La journée se termine sur une visite express de Den Haag, nous suivons Aymeric qui se faufile avec agilité sur son vélo Hollandais. Sa vélocité s'explique sans doute par l'absence de freins sur son cintre. On passe notamment au Palais Noordeinde où travaille le roi des Pays-Bas et devant le palais de la paix, dont l'inauguration se fait à la veille de la première guère mondiale. Avant de se séparer, nous passons devant le parc Koekamp où l'on peut appercevoir des cerfs citadins. Alexia reste quelques jours de plus pour découvrir les Pays-Bas avec son frère. Je repars sur Paris le soir même, ravis de cette excursion.