Tour de la Vanoise

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Le lundi 15 août 2022, une partie de Part'UTT s'en va faire sa première randonnée itinérante, et pas n'importe laquelle ! Il s'agit de réaliser le tour des glaciers de la Vanoise en 4 jours. Nous sommes 5 pour vivre cette aventure: Yuanjia, Alexia, Cyprien, Antoine et moi-même. L’itinéraire que nous avons choisi se fait en 4 étapes. Nous avons choisi de dormir en tente et de prendre nos repas en refuge (et oui, Part’UTT est composé de gourmets). Ce billet retrace cette aventure qui nous laissera un souvenir indélébile des monts de la Vanoise.

Pralognan-la-Vanoise

Jour 1: 8km 1100m D+ (15 août 2022)

Initialement nous avions prévu de passer la nuit à Pralognan-la-Vanoise, notre point de départ de rando, mais le risque de pluie nous a poussé à rester chez Cyp et de partir de Grenoble le matin même. Nous nous levons à 7h pour au final partir à 10h : Part’UTT commence à rouiller. Durant le trajet, Yuanjia nous vante l’avantage du combo legging+guêtre (sa deuxième guêtre ayant décidé de rester dans le train pour Grenoble). Arrivés à Pralognan, on prend notre première photo devant le bouquetin, on s’empresse aussi de lui caresser les protubérances testiculaires, selon Antoine c’est sensé nous porter chance. Nous commençons à marcher sous les coups de midi. 1000m de D+ nous attendent pour cette première journée ensoleillée. On passe par la cascade de la Fraîche puis remontons le torrent de la Glière. Antoine désigne son gourdier* officiel pour pouvoir se rafraîchir durant la montée. On aperçoit au loin la Grande Casse qui surplombe son glacier . On s’arrête juste après le refuge des Barmettes pour faire notre pic-nique malgré les velléité de certains pour manger une tartiflette au refuge.

Gourdier*: Personne chargée de sortir la gourde d'un sac d'une personne susnommée pour l'aider à se désaltérer.

Refuge des Barmettes

On se dépêche de déjeuner car il fait déjà frais. On croise plusieurs lacs asséchés sur notre route : le réchauffement climatique semble braver l’altitude plus facilement que nous. Juste avant l’arrivée, on croise nos premières marmottes : le shooting photo commence. Au refuge, on s’installe à une table pour se libérer de l’emprise de nos chaussures. On manque de renverser le chocolat chaud d’un sexagénaire : il s’avère que la table est bancale. On attend tranquillement 18h30 pour monter nos tentes sur une plateforme en bois mise à disposition par le refuge. Antoine déverse sa colère sur les rochers que nous devons utiliser en guise de sardines. Nous sommes à côté d’un autre groupe de jeunes actifs que nous appellerons les Suisses d’après leur accent (on s’apercevra 3 jours plus tard qu’ils sont belges…). On en profite aussi pour prendre une douche bien chaude avant d’aller dîner. Ce soir, c’est soupe, agneau au curry avec de la semoule et crème aux œufs caramélisée en dessert. On se régale, les quantités sont plus que suffisantes. Nous sommes avec un groupe de 3 français et 2 hollandais forts sympathiques. On décide de retourner voir les marmottes pour notre balade digestive et on file se coucher après un combat acharné mêlant Yuanjia, 2 belges et une araignée. Spoiler alerte : victoire de l’araignée. Le ciel est découvert, la nuit promet d’être fraiche.

Jour 2: 14km 250m D+ 455m D- (16 août 2022)

Malgré notre enthousiasme, les couvertures de survie n’auront pas suffi pour braver les 2°C de la nuit. Antoine est chafouin, il évoque plusieurs fois la volonté de rentrer chez lui. La complicité d’Alexia la pousse à rechercher des navettes repartant du col, sans succès. Nous montons prendre le petit déjeuner qui nous réconforte de cette courte nuit : café, jus d’orange, pain et confiture. S’ensuit un unboxing de pic-nique qui semble un peu léger : taboulé, 2 petites tranches de pain, 3 tranches de saucisson et un bout de fromage. Le bulletin météo est bon, nous n’aurons pas de pluie aujourd’hui. On rassemble nos affaires et c’est parti direction le refuge de l’Arpont. Les premières lueurs du jour sont magnifiques, des marmottons se chamaillent sur le côté du chemin. On croise des gardes du parc de la Vanoise ainsi que notre premier troupeau de moutons qui paissent un lac asséché. Nous rencontrons également notre premier bouquetin, ce dernier n’est pas farouche et semble être plus préoccupé par son appétit que par ses observateurs.

Nous traversons pierriers et longeons la vallée où court le Doron de Termignon. Il est facile d’observer les vautours fauves qui nous survolent grâce aux jumelles. Au loin s’étale le glacier de la Vanoise qui s’écoule inlassablement dans la vallée. Nous déjeunons au bord du lac des Lozières, Alexia en profite pour y tremper les pieds : c’est vivifiant. On fait sécher nos tentes et couvertures de survie trempées par la condensation de la dernière nuit (nous n'avons pas suivi les conseils de Mike Horn qui utilise un baton de randonnée pour évacuer l'humidité). On reprend rapidement notre route pour traverser nombre de torrents et ruisseaux. On rencontre nos premiers jeunes bouquetins foufous qui sautent sur les rochers. On arrive au refuge de l’Arpont en début d’après-midi, les belges sont déjà là et entament leurs premières bières. On se trouve un coin abrité du vent pour établir notre campement. Ce soir, c’est douche froide (car on trouve que 4€50 la douche chaude de 5 minutes c’est vraiment abusé). A table, nous rencontrons Guillaume et Justine ainsi qu’un couple d’Allemands. Une partie du repas se fait donc en anglais. Ce soir, c’est soupe au curry, tagliatelles à la bolognaise et fromage qui « déchausse les dents ». On finit sur une panna cotta en guise de dessert. Le club lessive se réunit après le repas pour nettoyer les affaires de la journée. Demain, la journée promet d’être longue avec 7h de marche annoncées, 8 en comptant les pauses. On décide de mettre le réveil pour 6h30 (malgré mes tentatives de négociation infructueuses pour le repousser le plus tard possible). La nuit est plus chaude, on gagne 5°C par rapport à la précédente. On s’endort paisiblement après cette belle journée, pleine de bouquetins et de marmottes avec une seule hâte, vivre la journée du lendemain.

Jour 3: 18km 500m D+ 600m D- (17 août 2022)

Ce matin, on se lève de bonne heure pour nos 7 heures de marche. Le but ? Arriver avant 17h au refuge de la Dent Parrachée, heure à laquelle la pluie est sensée tomber. Le petit déjeuner est varié: céréales, graines de Chia, pain, confiture et jus d'orange. On se dépêche de démonter les tentes et c'est reparti pour une belle journée de randonnée.

Quelques bouquetins croisent notre route dans la matinée. On rencontre également une bergère, dont le troupeau est dirigé au cordeau par les deux patous qui l’encadrent. Nous ne sommes pas les bienvenus, obligés de nous immobiliser pour ne pas se faire mordre. Le paysage est moins impressionnant que celui de la veille : tant mieux, nous devons tracer notre chemin et réduire nos distractions. On s’arrête sur un coin d’herbe pour prendre notre repas, de nombreux randonneurs sont déjà arrêtés finissant leur collation. La seconde partie de la journée perd encore en intérêt, nous traversons une station de ski. On y trouve le rocher du diable, énorme pierre en suspens qui menace à tout moment de dévaler la pente et d’emporter le refuge qui se trouve cent mètres plus bas. La légende dit que si l’on s’y approche à plat ventre, on peut y observer le diable en personne. Manquant de détermination, nous n’avons pas essayé de défaire la légende.

On affronte notre dernière côte pour arriver au refuge qui se trouve à 2500m d’altitude. C’est le dernier d’une longue série qui nous vaut nombre de faux espoirs avant de terminer la journée. Nous arrivons à 15h, avec 1h d’avance sur notre horaire initiale. Devinez quoi ? Les Belges sont déjà sur place en train de terminer leur première bière, décidément, Part’UTT paraît bien sobre en comparaison. Le refuge est décoré de drapeaux de prières, la porte d’entrée est encadrée de deux moulins (Attention, le moulin doit être tourné dans le sens des aiguilles d’une montre, autrement vous risqueriez de lire votre mantra à l’envers, et personne ne veut ça). La moitié de l’année, deux népalais viennent travailler au refuge ; il s’agit d’un père et de son fils. Ce sont eux qui sont aux fourneaux, on va se régaler. Nous avons à peine le temps de monter les tentes que la pluie se déclenche. On en profite pour prendre une bonne douche, enfin, un coup de kärcher vu la constitution du jet, mais c’est tout de même agréable. On se dirige ensuite vers la salle commune pour commander boissons et crêpes qui feront office de goûter. On retrouve nos amis du refuge précédent qui nous racontent la fin de leur ascension. On fait également connaissance de deux parisiens qui font la traversée de la vanoise jusqfu’à Modane, une guide de moyenne montagne (enfin, future guide) et 2 amies faisant également le tour de la Vanoise en 4 jours. Pendant ce temps là, le gérant a rejoint la table des Belges pour se jeter un petit godet. On papote, on discute en attendant patiemment l’heure du dîner. Au menu : soupe de légumes, salade, gratin de riz épicé, formage et tarte aux pommes maison. On se délecte dans la bonne ambiance puis vient le moment de fêter l’anniversaire de Guillaume qui se trouve à notre table. Cet évènement conduit les Belges, déjà bien enivrés à réclamer la tournée du patron pour l’occasion, c’est un succès : shot de Génépi pour tout le monde ! On finit par fuir les Belges qui commencent à chanter avec une guitare ayant une corde en moins et n’ayant pas été accordée depuis bien trop longtemps. On termine la soirée rapidement, demain sera aussi une grosse journée avec l’ascension du col d’Aussois. Il se met à pleuvoir, on prie sur l’étanchéité de la tente et on s’endort au son de la pluie sur la toile.

Jour 4: 19km 700m D+ 1500m D- (18 août 2022)

Concernant la qualité de cette dernière nuit, les avis divergent. Antoine et Alexia ont bien dormi. D’autres sont restés aux aguets suivant et comptant les éclairs déchirant la nuit. On plie la tente encore trempée. Le froid engourdit nos mains. Quelques flocons de neiges sont venus recouvrir les cimes des sommets voisins. On arrive les derniers au petit déjeuner, heureusement, on nous a mis du pain de côté. On prend le plus de forces possibles pour débuter cette journée qui s’annonce longue et ardue, notamment pour nos genoux. On redescend du refuge pour commencer la montée du col d’Aussois, deux heures de montée s’annoncent avec une pente qui se raidit peu à peu. Nous continuons notre marathon contre les nuages pour arriver au col et obtenir notre récompense : une vue sur le Mont-Blanc.

Arrivés en haut, nous avons un superbe panoramique depuis la Pointe de l’Observatoire. La vue est magnifique, les monts innombrables. On aperçoit les massifs Lauzière, Beaufortain et Mont-Blanc. On en profite pour faire une photo de groupe et c’est reparti pour plus de 1500m de descente pour revenir sur Pralognan. Nous apercevons au loin nos premiers chamois et on s’arrête juste après le ruisseau de Rosoire pour s’alimenter de notre dernier pique-nique.

En reprenant notre route on croise un troupeau de vaches et de petites marmottes. On termine notre randonnée aux Prioux où l’ont rejoint une navette pour retourner sur Pralognan (conseil du guide que nous avons rencontré la veille). Quatre journées de passées et c’en est déjà terminé de cette superbe escapade dans la Vanoise. L’humeur est au beau fixe, nous somme fatigués mais heureux d’avoir vécu ces jours en pleine nature, loin de nos préoccupations habituelles et surtout, loin du réseau.

Itinéraire

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